Le bilan de l’attaque attribuée à des éleveurs fulani (peuls) commise samedi dans le nord du Nigeria est de 79 morts, a annoncé dimanche un porte-parole officiel, alors que le précédent bilan était de 30 morts.
"Le gouverneur et d’autres responsables étaient aujourd’hui dans le village de Yar Galadima où ils ont participé à l’inhumation de 79 personnes tuées dans l’attaque de voleurs de bétail", a déclaré à l’AFP Nuhu Salihu Anka, porte-parole du gouverneur de l’Etat nigérian de Zamfara, où l’attaque a eu lieu.
Le porte-parole de la police de l’Etat, Lawal Abdullahi, avait déclaré auparavant que 30 personnes avaient été tuées lorsque des Fulani armés avaient fait irruption dans une réunion à Yar Galadima des chefs de communautés et représentants de milices d’autodéfense des Etats nigérians de Zamfara, Kebbi, Kaduna et Kastina.
"Nous sommes depuis trois ans confrontés à des attaques meurtrières de bandes de pillards et de voleurs de bétail armés, mais c’est la pire attaque que nous ayons vue jusqu’à présent", a déclaré le porte-parole du gouverneur de Zamfara.
"Le gouverneur a interdit de telles réunions de groupes d’autodéfense et de chefs de communautés sans autorisation préalable et sans une couverture sécuritaire assurée par les agences de sécurité compétentes", a ajouté M. Anka.
Un chef communautaire du village où le massacre a eu lieu a donné dimanche un bilan encore plus élevé.
"Nous avons jusqu’à présent enterré 120 corps à la suite de l’attaque et ce chiffre est susceptible d’augmenter", a déclaré ce chef, Adamu Amadu.
La police a indiqué qu’elle s’était déployée sur les lieux de l’attaque.
Les affrontements sur des questions liées à la terre sont fréquents entre des éleveurs de bétail musulmans fulani et des communautés chrétiennes depuis plus d’une décennie, notamment dans le centre du pays divisé entre le nord à majorité musulmane et le sud à majorité chrétienne. Et ce malgré les efforts pour y ramener la paix.
Mi-mars, une centaine de personnes avaient été tuées dans l’attaque de trois villages dans l’Etat de Kaduna (centre) par des hommes munis d’armes à feu et de machettes. La police de l’Etat avait refusé de donner des précisions sur l’origine des assaillants, mais la population locale, majoritairement chrétienne, accusait les éleveurs musulmans fulani d’être les auteurs des attaques.
Les violences entre communautés d’agriculteurs et d’éleveurs auraient fait 10.000 morts en vingt ans dans le centre du Nigeria, selon les estimations d’organisations de défense des droits de l’Homme, notamment Human Rights Watch.
Les chefs peuls se plaignent depuis des années de la perte de terres d’élevage, ce qui alimente l’hostilité entre les éleveurs musulmans et leurs voisins agriculteurs.
Au Nigeria, la loi prévoit que les communautés indigènes ont plus de droits dans leurs régions natales, y compris un accès préférentiel à l’éducation et au marché du travail.
Les Fulani se disent victimes d’une discrimination systématique, et les conflits diffèrent d’un Etat à l’autre, avec souvent un aspect religieux surtout dans les régions où les fermiers sont majoritairement chrétiens.
© 2014 AFP

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