Le président zambien par intérim Guy Scott, qui a démis son principal rival de ses fonctions au sein du parti au pouvoir, a été accusé mardi "d’insulter le peuple zambien" en réglant des comptes politiques alors que le défunt chef d’Etat n’est pas encore enterré.
"J’ai appris avec un profond regret la mesure illégale et provocatrice prise par le Dr Scott de me démettre de mes fonctions de secrétaire général" du Front Patriotique (FP), a déclaré Edgar Lungu, également ministre de la Défense et de la Justice, et prétendant à la succession de Michael Sata.
"Mais, plus important", a poursuivi M. Lungu dans un communiqué lu à la radio publique, est que "le Dr Scott a insulté notre culture et le peuple de Zambie en s’engageant dans des manoeuvres qui minent la dignité, l’honneur et le respect dû aux funérailles du président Michael Sata".
M. Sata est décédé à Londres à l’hôpital le 28 octobre et ses funérailles sont prévues le 11 novembre.
La mise à l’écart de M. Lungu a provoqué des débordements de jeunes lundi soir dans les rues de Lusaka, qui ont brûlé des pneus et caillassé des automobilistes, obligeant la police anti-émeute à intervenir.
Certains jeunes ont également perturbé l’hommage rendu depuis dimanche au président Sata, dont la dépouille mortelle est exposée pour permettre à la foule de le voir et de s’incliner devant lui une dernière fois avant les obsèques.
Mardi dans la matinée, la colère grondait parmi les fans de M. Lungu qui commençaient à se rassembler dans plusieurs townships de Lusaka pour manifester, a constaté un journaliste de l’AFP.
"On peut pas croire qu’après 50 ans d’indépendance, on ait un Blanc comme président. Il arrive et commence à virer des membres (du parti). Edgar est des nôtres et Guy veut nous ramener à la colonisation, on n’acceptera pas ça, Guy doit dégager", s’ennervait Willy Phiri, un supporter du Front patriotique.
Guy Scott, vice-président d’origine britannique, a été désigné pour assurer l’intérim du pouvoir, devenant ainsi le premier chef d’Etat blanc en exercice en Afrique sub-saharienne depuis la chute de l’apartheid en Afrique du Sud en 1994.
Il ne peut en principe pas se présenter à la présidentielle, selon la Constitution, car ses parents n’étaient pas zambiens.
Pour remplacer M. Lungu au secrétariat général du parti, M. Scott a nommé Davis Mwila, qui a immédiatemment refusé la proposition: "Je décline cette nomination, il est contraire à notre culture d’accepter une nomination pendant une période de deuil. Nous devons d’abord enterrer notre président", a-t-il dit à l’AFP.
Âgé de 77 ans, M. Sata était largement absent de la scène publique depuis des mois en raison de sa maladie, et la bataille de succession avait déjà démarré au sein de son parti, tandis que l’opposition est également prête à batailler pour faire son retour.
JA