L’OMS, MSF et la Fédération internationale de la Croix-Rouge et du Croissant Rouge ont, au cours d’une réunion tenue au Cabinet du Ministre de la Santé, avec la Cellule interministérielle sur l’épidémie d’Ebola, attiré l’attention des autorités guinéennes sur la situation d’insécurité qui prévaut à Gueckédou (épicentre de l’épidémie située à quelques 680 km de Conakry, en Guinée forestière).
Des rumeurs de manifestations des jeunes menaçant de s’en prendre au Centre de Traitement de la maladie à virus Ebola, circulent depuis le weekend dernier à Gueckedou, où les travailleurs humanitaires n’ont pas pu effectuer leurs sorties habituelles de mise en œuvre des activités de lutte contre la maladie à virus Ebola dans les villages.
Près de 25 villages sont réticents à toute intervention dans leurs localités et menacent de s’en prendre aux véhicules des humanitaires et leurs occupants s’ils y mettaient pieds. Les travailleurs humanitaires ont reçus l’ordre de ne pas bouger ce weekend jusqu’à ce que la situation se normalise. Cette situation menace la mise en œuvre des activités dans cette préfecture.
La rencontre qui s’est tenue le 30 juin 2014, a permis aux acteurs humanitaires d’informer les Ministres de la Santé et de la Communication de leur intention de suspendre toute activité dans le cadre de la gestion de la crise liée à la maladie à virus Ébola dans les Sous-préfectures de Gueckédou, si rien n’était fait pour rétablir une confiance sécuritaire à même de permettre à leurs personnels de travailler dans la quiétude totale.
« Vingt-cinq (25) villages reparti dans 7 des 9 Sous-préfectures de Gueckédou font de la résistance à la mise en œuvre des activités, notamment les enterrements sécurisés, le suivi des cas contacts et les activités de sensibilisation. En outre, ces villages ne veulent plus de la présence des humanitaires dans leurs localités. En plus, il y a de plus en plus des rumeurs persistantes d’attaque des jeunes contre le site des acteurs humanitaires et le Centre d’Isolement pour la prise en charge des malades d’Ebola. Des véhicules de MSF et de l’OMS ont subi des dommages en fin de semaine dernière. Nous plaidons pour une forte implication des autorités afin de nous permettre de continuer à travailler pour stopper la propagation de l’épidémie », a dit le Dr René Zitsamalé-Coddy, Représentant de l’OMS en Guinée et Coordonnateur par intérim des activités opérationnelles du Système des Nations unies en Guinée, au nom de tous les partenaires.
« La conséquence d’une suspension des activités, c’est l’impossibilité de suivre les cas contacts avec un risque élevé d’explosion de nouveaux foyers et de propagation de l’épidémie, y compris dans d’autres localités proches de Gueckédou », a-t-il poursuivi.
Le Représentant de l’OMS, toujours agissant au nom de tous les acteurs humanitaires, a également relevé l’insuffisance de la communication à l’endroit des populations. « On ne sent pas une forte implication des médias d’Etat, ni de la société civile. Des efforts doivent être faits en faveur de l’information et de la sensibilisation des communautés pour l’adoption des mesures de prévention », a ajouté le Dr Coddy.
Il a terminé son intervention sur le contrôle de l’infection dans les formations sanitaires, particulièrement à Conakry, en indiquant notamment : «En dépit de toutes les dispositions prises, notamment la formation, la sensibilisation, la mise en place des dispositifs de lavage des mains et les gants, le personnel de santé n’applique pas les mesures de prévention et de contrôle de l’infection pour freiner la transmission nosocomiale et se met inutilement à risque ».
Prenant la parole, le Ministre de la Santé, au nom de la Cellule interministérielle de coordination, s’est voulu rassurant quant à la question sécuritaire à Gueckédou. Il a dit que tout sera mis en œuvre pour que les acteurs humanitaires puissent continuer à intervenir dans cette localité et partout dans le pays.
« Des instructions ont été données au Préfet de la région pour que les choses se passent normalement sans accroc avec les populations», a-t-il dit. Il a également dévoilé son projet d’impliquer les leaders communautaires, religieux et le Président de l’Assemblée nationale.
Quant au Ministre de la Communication, il a dit avoir pris bonne note quant à l’implication effective des médias d’Etat dans la diffusion des messages de sensibilisation sur l’épidémie.
Il faut noter qu’en début de réunion, le Coordonnateur de l’équipe d’urgence de l’OMS pour l’épidémie de la maladie à virus Ebola en Guinée, Dr Mamoudou Harouna Djingarey, a fait le point sur la situation épidémiologique à la date du 29 juin 2014. Il en ressort que 412 cas avec 302 décès (soit 73,3% de taux de létalité) ont été enregistré depuis le début de l’épidémie, parmi lesquels, on dénombre 293 cas confirmés (193 décès), 88 cas probables (82 décès) et 31 cas suspects (27 décès). La préfecture de Gueckédou, l’épicentre de l’épidémie, totalise à lui seul, 243 cas avec 202 décès, soit une létalité de 83,1%.
Source : OMS/PRESSE/Guinée