L’épidémie d’Ebola montre des signes de stabilisation selon la présidente du Liberia, pays le plus touché par l’épidémie, et d’où est originaire le malade détecté aux Etats-Unis, premier cas hors d’Afrique qui suscite l’inquiétude outre-Atlantique.
Londres accueille par ailleurs jeudi une conférence sur la lutte contre Ebola au Sierre Leone, pays d’Afrique de l’Ouest voisin du Liberia, où cinq personnes sont infectées toutes les heures, selon l’ONG Save the Children.
"Nous commençons à voir une stabilisation" de l’épidémie au Liberia, "nous commençons à voir un ralentissement du nombre de gens se présentant dans les centres de soins", a affirmé mercredi la présidente de ce pays, Ellen Johnson Sirleaf.
"Il y a quelque chose qui nous dit que nous sommes finalement sur le chemin de la solution", a assuré Mme Sirleaf, disant baser son opinion sur "les statistiques récentes".
Le Liberia déplore 1. 998 morts sur 3. 696 cas de fièvre hémorragique, selon le dernier bilan de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS). Les deux autres pays d’Afrique de l’Ouest les plus touchés par la plus grave épidémie d’Ebola de l’histoire sont la Guinée (710 morts sur 1. 157 cas) et la Sierra Leone (622 morts sur 2. 304 cas).
Le nouvel optimisme de Mme Johnson Sirleaf n’est pour le moment pas partagé par l’OMS, qui a averti cette semaine que l’épidémie était en croissance "explosive" et pourrait contaminer 20. 000 personnes d’ici novembre en Afrique de l’Ouest.
Les systèmes de santé des trois pays ouest-africains sont complètement dépassés par l’ampleur de la pandémie, et si l’aide commence à affluer, la communauté internationale à néanmoins tardé à réagir.
Aux Etats Unis, l’inquiétude grandit sur une diffusion du virus mortel après le diagnostic tardif du premier malade hors d’Afrique, un Libérien arrivé le 20 septembre sans aucun symptôme au Texas, et qui a déclaré la maladie quatre jours plus tard.
Les autorités texanes recherchent toutes les personnes – dont des enfants – qui auraient pu entrer en contact avec lui. Selon les Centres de contrôle et de prévention des maladies (CDC), toutes les personnes qui risquent d’avoir été infectées font l’objet d’une étroite surveillance médicale.
Parmi eux, "des enfants en âge scolaire ont été en contact avec le patient", selon le gouverneur du Texas Rick Perry.
– Wall Street en alerte –
Les autorités sanitaires s’inquiètent du fait que pendant les quatre jours (du 24 au 28 septembre) où il était contagieux sans être en quarantaine, le malade Libérien ait pu contaminer d’autres personnes.
La période d’incubation d’Ebola va de 2 à 21 jours et une personne ayant contracté le virus devient contagieuse quand les symptômes se déclarent (maux de tête, fièvre ou vomissements). Le virus ne se transmet pas par voie aérienne, comme la grippe par exemple, et ne peut être transmis qu’au contact direct de fluides contaminés, comme le sang ou la salive.
Le malade se trouve dans un état "grave mais stationnaire", a indiqué l’hôpital où il est soigné, et qui a reconnu avoir fait une erreur en renvoyant le patient chez lui après sa première visite aux urgences.
Le directeur des CDC, le Dr Tom Frieden, n’a pas écarté la possibilité que des membres de son entourage puissent avoir été infectés et "développent Ebola au cours des prochaines semaines".
L’annonce de ce premier cas d’Ebola identifié aux Etats-Unis a fait vaciller les actions des compagnies aériennes américaines à Wall Street mercredi.
Aucun traitement contre Ebola n’a été validé par les autorités médicales, même si des traitements expérimentaux ont été tentés, dont certains apparemment avec succès. Mais il faudra au minimum plusieurs fois avant qu’un traitement soit validé et produit à grande échelle.
Le directeur de la Banque mondiale Jim Yong Kim, lui-même un infectiologue, a affirmé que le combat contre Ebola était également celui contre "l’inégalité" Nord-Sud en termes d’accès aux soins, estimant que la communauté internationale n’agissait pas "assez vite" contre l’épidémie.
La Banque africaine de développement a annoncé mercredi avoir accordé une aide de 155 millions de dollars au Liberia, à la Guinée, à la Sierra Leone et à la Côte d’Ivoire (qui n’est pas touchée) pour lutter contre l’épidémie.
Nouvelle initiative internationale, une conférence pour mobiliser contre Ebola au Sierra Leone devait débuter à la mi-journée à Londres, à l’initiative du Royaume Uni qui s’est déjà engagé a donné 120 millions de livres (150 millions d’euros).
La rencontre se déroulera cependant en l’absence du président sierra-léonais Ernest Bai Koroma, dont l’avion est resté cloué au sol à Freetown en raison de problèmes techniques.
JA