Les autorités soudanaises ont officiellement démenti les informations qui circulent depuis dimanche, selon lesquelles la chrétienne condamnée à mort pour apostasie serait libérée "dans les prochains jours". Le gouvernement affirme que les déclarations attribuées la veille à un responsable ont été sorties de leur contexte.
Née d’un père musulman mais élevée dans la foi chrétienne, Meriam Yahia Ibrahim Ishag a été condamnée à mort le 15 mai. La Cour criminelle s’était prononcée en vertu de la loi islamique en vigueur au Soudan, qui interdit les conversions. Dès le début, la décision a provoqué un tollé international.
Pourtant, samedi, Aballah al-Azraq, un responsable au ministère soudanais des affaires étrangères, s’était adressé aux médias pour leur annoncer la libération de Meriam Ishag "dans les prochains jours, selon les procédures légales qui seront prises par le pouvoir judiciaire et le ministère de la Justice". Mais le ministère a indiqué dimanche que sa libération dépendait du fait qu’une cour accepte un appel déposé par ses avocats.
Une affaire qui traîne
Dans un communiqué, le gouvernement a affirmé que ce qu’ al-Azraq avait en réalité dit aux médias samedi est que "l’équipe de défense de la citoyenne concernée avait fait appel du verdict et que si la Cour d’appel jugeait en sa faveur, elle serait libérée". Dans son communiqué, le ministère ajoute que le gouvernement n’a pas à intervenir dans cette affaire. Il se dégage de toute responsabilité, et invoque pour cela l’indépendance de la justice soudanaise.
Dès samedi, le mari de Meriam Ishag, Daniel Wani, un ressortissant américain originaire du Soudan du Sud, avait déclaré qu’il ne croyait pas que son épouse serait libérée. "Personne ne m’a contacté et je ne pense pas que cela va se produire. Nous avons déposé un appel mais ils ne l’ont pas encore examiné. Donc comment est-il possible qu’ils la libèrent ?", s’était-il interrogé.

L’avocat de la jeune femme de 27 ans, Mohannad Moustapha, avait quant à lui exprimé des doutes sur le fait qu’elle soit libérée ou que les charges retenues contre elle soit abandonnées. "La seule instance qui puisse faire ça est la Cour d’appel et je ne suis pas sûr qu’elle ait le dossier complet", avait-il dit samedi. Mercredi, une audience de la cour avait déjà été reportée pour cette raison.
Accouchement en prison
Meriam Yahia Ibrahim Ishag a refusé d’abjurer sa foi chrétienne au profit de l’islam devant la Cour. Mariée à un chrétien, elle a également été condamnée à 100 coups de fouet pour "adultère". Le Soudan, qui applique la charia, interdit le mariage d’une musulmane et d’un non-musulman et considère toute union de ce type comme un "adultère".
Selon Amnesty International, Meriam Ishag a été élevée en tant que chrétienne orthodoxe, la religion de sa mère, car son père était absent pendant son enfance. La situation de cette jeune femme de 27 ans scandalise et suscite la mobilisation à l’étranger comme au Soudan. Déjà mère d’un bébé de 20 mois, elle était enceinte lors de son arrestation et de son jugement. Elle a accouché d’une fille le 27 mai, en prison.
(Avec AFP)

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