Rio Tinto a porté plainte contre le groupe brésilien Vale et BSGR, le groupe minier du milliardaire israélien Beny Steinmetz, rapporte l’agence "Reuters". Le groupe australien les accuse de l’avoir spolié de ses concessions minières sur le gisement de fer de Simandou.
Le groupe australien Rio Tinto a annoncé le mercredi 30 avril avoir déposé une plainte contre son concurrent le brésilien Vale et BSGR, le groupe minier du milliardaire israélien Beny Steinmetz. Le géant minier les accuse notamment de l’avoir spolié de ses concessions minières sur le gisement de fer de Simandou, rapporte l’agence Reuters.
Retrait
La plainte, déposée devant la Cour fédérale des États-Unis pour le district sud de New York, a trait à la perte par Rio Tinto de la moitié des droits miniers détenus sur le gisement de Simandou. En effet, le groupe minier s’est vu dépossédé de ses deux permis sur le côté nord du site en août 2008 par le gouvernement de l’ex-président Lassana Conté, au motif qu’il ne faisait pas assez pour développer la mine.
En décembre de la même année, quelques jours à peine avant la mort du dictateur, ces permis étaient attribués à BSGR. L’entreprise israélienne a ensuite revendu 51% de ses parts au brésilien Vale pour 2,5 milliards de dollars en 2010, formant avec cette dernière une co-entreprise, VBG, pour assurer le développement du site.
Résiliations
Depuis le vent a tourné pour BSGR. Après l’élection du président Alpha Condé, en décembre 2010, les autorités guinéennes ont lancé un audit de tous les contrats miniers octroyés avant leur arrivée au pouvoir. Ces enquêtes ont abouti fin avril 2014 à la résiliation du permis minier octroyé à BSGR sur le gisement de Simandou, conformément aux recommandations d’un rapport d’audit signalant "l’existence de pratiques de corruption" ayant entaché l’octroi de ce titre.
Parallèlement, Mamadie Touré, la 4ème épouse de l’ancien président Lansana Conté, actuellement aux Etats-Unis, est soupçonnée par la Guinée et le FBI américain d’avoir fait jouer ses bons offices au profit de BSGR, en échange du paiement d’un pot de vin. Deux responsables guinéens du groupe de Beny Steinmetz ont d’ailleurs été emprisonnés pendant sept mois à Conakry avant d’être libérés fin novembre dernier.
Réactions
"Le préjudice subi par Rio Tinto est réel et représente la perte de plusieurs milliards de dollars d’actifs", a indiqué Rio Tinto, cité par Reuters. Le groupe australien argue que "ce vol" tombe sous le coup de la loi RICO ("Loi fédérale sur les organisations motivées par le racket et la corruption" adoptée en 1970 par les États-Unis).
Contacté par l’agence de presse, Murilo Ferreira, patron de Vale, a déclaré qu’il était trop tôt pour se prononcer sur la plainte de Rio Tinto et ajouté que le groupe brésilien examinait ses options quant au rôle qu’il compte jouer en Guinée après avoir perdu les concessions sur Simandou. Un porte-parole de BSGR, cité par Reuters, a jugé la plainte de Rio Tinto "sans fondements et bizarre".
Enfin, Damantang Albert Camara, porte-parole du gouvernement de Guinée, s’est contenté d’indiquer selon la même source qu’il s’agissait d’un conflit entre sociétés minières dans lequel Conakry n’avait aucune intention d’interférer, avant de rappeler que de nouveaux appels d’offres seraient de toute façon lancés pour désigner les nouveaux propriétaires des permis retirés à VBG.
JA